Si vous vous souvenez, l'année passée, j'étais pleine de petits problèmes et de grandes frustrations liées à mon
expatriation. Appartement, code fiscal, grèves, permis de conduire, cuisine vide, police locale, murs saumon et jaune pisse, résidence, chaudière déficiente, visite médicale, et j'en passe... cette
série de notes était une vraie aventure.
Mais là, je suis installée. A part quelques petits détails et devoir coudre des housses de coussin pour le salon - j'ai une machine et choisi les couleurs, me reste plus qu'à acheter du tissu et faire - l'appartement est fini. Je me fous totalement de savoir si Trenord ou Trenitalia décide à la dernière minutes de se mettre en grève ou de supprimer mon train régional du dimanche soir, car je suis motorisée et que je préfère largement perdre une heure occasionnellement sur le contournement de Milan que mettre 9h pour faire Lausanne-Monbled.
Le job est varié, à défaut d'être profondément satisfaisant, mais ce n'est pas toujours facile de savoir ce que l'on voudra faire quand on sera grand. Et je n'ai pas encore trouvé. Mais je ne m'ennuie pas, ce qui pour ma capacité d'attention de poisson rouge est un point très important. J'ai de bonnes conditions (pour l'Italie), je voyage, assez pour me divertir, mais pas au point de me fatiguer. La
princesse ne bosse plus et la Nordique - avec qui je m'entends de mieux en mieux - devrait prendre sa place à long terme. Elle a un bon humour de merde et on est quand même culturellement plus proches - et mine de rien, ça aide.
Je cherche aussi à faire le "deuil" de mon Dojo suisse et à me satisfaire de ce que j'ai trouvé à Monza, m'engager dans quelque chose, rencontrer du monde. Les grands tours en vélo me manquent, mais je découvre gentiment des trajets à trottoirs larges, pseudo pistes cyclables et petites routes peu fréquentées dans ma campagne.
La langue, ça vient tranquillement. Ça fait six mois un an que je me dis qu'il faudrait vraiment que j'ouvre des livres un peu un jour, apprendre un peu mes verbes, élargir mon vocabulaire, mais je me fais désormais bien comprendre, je comprend tout le monde, sauf les vieux qui parlent en dialecte, les correcteurs orthographiques sont mes amis et me permettent d'écrire des mails décents, du coup je n'en sens pas l'urgence.
(Oui, c'est mal.)
Somme toute, je suis satisfaite. Je ne regrette pas d'avoir sauté le pas. Mais je sais que ce n'est pas encore la station terminus. Là, en chemin, j'embarque un max de bonnes choses et on verra quand les envies (et opportunités) nous remettront sur la route.
A 25 ans, je pensais que tous les grands changement devaient se faire avant 30 ans, ou alors jamais, que les choix faits avant cet âge "fatidique" allaient dicter ma vie à jamais. Dix ans plus tard, j'ai enfin compris qu'il n'en était rien et que l'on peut changer de vie mille fois et à l'âge qu'on désire.
Encore heureux que la vie ne s'arrête pas à 30 ans. T'imagines ?