Photo d'une route italienne quelconque mais étrangement vide à fin purement illustrative. |
(Vivre dans une bourgade de campagne aussi. Mais ça sonne moins bien comme accroche.)
Moi qui ai passé mon permis sur le tard, moi qui ai fait un minimum syndical de 5000 km par an de vélo - donc on ne comptant que les trajets pour aller bosser - avec dénivelé et qui n'ai jamais rechigné à rouler un petit Genève-Lausanne pour aller boire l'apéro avec les copines, je me retrouve à pré-choisir des voitures et à prendre des rendez-vous pour des tests drives.
Allez en vélo à Milan depuis chez moi serait théoriquement faisable, vu que ne représentant qu'une grosse moitié d'un Genève-Lausanne, mais c'est un truc absolument impensable.
Il y a des routes statale (que tu traduiras par départementale ou cantonale selon ta provenance) qui soit sont étroites et défoncées - qui n'empêche personne d'y rouler à 100km/h, donc impraticables en vélo, soit se transforment subitement en tangenziale - de l'autoroute - ou tangenzialine - une semi-autoroute indéfinissable et donc impraticable à vélo.
Rien n'est vraiment loin, mais autant se faire une route cantonale suisse est moyennement agréable, se faire une statale italienne est inconscient.
Non, je ne suis pas en train d'essayer de justifier mon achat de voiture - je suis la première que ça gave, de devenir dépendante d'un véhicule - j'explique la situation.
J'ai un pote qui veut venir me voir ici. En vélo. Il fait de grandes distances et, comme moi à une époque pas si lointaine où j'avais un cul en acier, réfléchit uniquement en terme de distances et de dénivelés. J'essaie de lui faire comprendre que c'est très helvétique, comme façon de penser, et qu'il n'y a probablement même pas de route de Genève à chez moi qui soit intégralement cyclable.
Il y a des bus - mais qui s'arrêtent à la limite de la province ou ne passent pas par mon bled - et un train - je ne mesurais pas la chance de vivre à 3km d'une gare en emménageant au bled - qui peut m'emmener à Milan - ou pas (il y a 10 jours, je prends un jour de congé pour m'inscrire au consulat de Suisse à Milan. Au moment d'arriver à Milan assez tôt le matin, je lis qu'il n'y aura pas d'autres trains jusqu'à 17h... j'ai un don pour prévoir mes déplacements en train pendant les grèves, je défie les statistiques.)
Je m'arrête enfin une seconde pour reprendre mes esprits et me rendre compte que, comme à mon habitude, j'ai complètement digressé. J'étais donc partie pour vous faire un pitch de mes candidates automobiles. Je crois que j'ai merdé.
Je vais donc faire une dernière digression avec un glissement de sujet en souplesse pour clore à côté de mon sujet initial:
Je suis allée chez mon généraliste italien pour la première fois aujourd'hui - que je n'ai pas choisi, il était le seul avec des disponibilités dans le bled - le système de santé est basé sur le modèle du médecine de famille - pour lui demander des médocs pour les allergies. Je dois dire que je suis un peu inquiète du printemps que je traverse péniblement au ventolin depuis que j'ai une fois eu une réaction étrange à la cortisone maintenant que je vis à la quasi-campagne au sud des Alpes.
Loin de me rassurer, le médecin m'a dit:
Ici, la période des pollens, il y en a tellement, on dirait qu'il neige. Je vais quand même vous prescrire de la cortisone à prendre par voix orale pour les deux-trois semaines de pic: je n'ai pas envie que vous finissiez aux urgences.
Je me réjouis. Vraiment. Déjà au Centre-Ville de Lausanne, il m'est arrivé de devoir dormir avec un masque pour ne pas étouffer dans mon sommeil, je crains le pire.
Du coup - et là, je retombe formidablement sur mes pattes - je m'épate - je risque d'aussi devoir utiliser ma voiture future pour faire le misérable kilomètre neuf cents qui me sépare du boulot.
Et ça, c'est la déchéance ultime.
(Mais moins que mes notes de merde aux chutes improbables.)
(Bon, c'est pas tout, j'ai Pilates.)