mardi 22 mars 2011

Less is more?

Une installation de Donald Judd
Incertitudes, soucis, sentiment d'inutilité, le chômage longue durée n'est pas une balade de santé et souvent je me demande - à supposer que tout se passe bien et que je trouve un vrai job avant ma fin de droit - ce que je vais bien faire de cette période une fois révolue, ce que je peux en tirer de positif, ce que je peux en apprendre.

L'écrasement progressif de l'égo? La baisse continue des standards dans mes plans pour le futur? L'angoisse sourde permanente qui fatigue plus qu'on ne voudrait l'admettre?

Certainement pas.

Mais s'il y a un aspect qui me plaît, c'est de vivre avec (un peu) moins.

Avec un salaire qui me permettait de sortir et d'acheter plein de conneries, j'avais pris des habitudes confortables, ces dernières années. Je me laissais aller à la tentation du shopping et de l'acculumation de choses inutiles dont je m'étais vaguement convaincue que j'avais envie - ou vaguement besoin - tout en rêvant d'un appartement vide, sans "chenit", sans "clutter" - j'aime les grands volumes, les murs blancs, les meubles simples.

Bon ben paf, -30% de revenus, on sent la différence, c'est sûr, surtout que je souhaitais continuer à faire des économies durant mon chômage - en rapport d'une potentielle fin de droit que je pensais pourtant improbable - notez l'emploi du passé. Il m'a fallu quelques mois pour réussir à contrôler l'impulsion d'acheter - sur internet, surtout, il suffit de cliquer, c'est trop facile  - recommencer à compter quand j'achète à manger ou, simplement, penser à envoyer des emails plutôt que des SMS en masse!

C'est également une bonne occasion pour faire du tri, jeter, donner ou revendre les objets. J'utilise le principe du one-in-one-out pour les vêtements depuis longtemps, ce qui me permet de pouvoir faire tenir tous mes vêtements dans une petite armoire deux portes - j'en suis assz fière. Mais c'est aussi le moment de redécouvrir et effectivement utiliser ce que l'on stocke dans ses placards (vieilles fringues peu portées, maquillage, etc.) 

Bon, c'est clair que j'irais plus au resto et je partirais en vacances si j'avais de l'argent. Mais pour tout ce qui est "objet", c'est tellement plus agréable d'avoir de la place, je me sens nettement moins étouffée et envahie par le bordel de mon propre appartement. Et Jamy pète un câble environ tous les deux mois parce qu'il veut partir en weekend et... m'invite. Il m'invite également quand il veut manger dehors et que je ne peux pas. C'est très agréable et un peu "facile", certes, mais s'il n'était pas là, je ferais comme quand je suis seule: n'irais pas et c'est tout.

Je réfléchis plus avant d'acheter, je consomme moins à défaut de mieux et je ne m'en porte pas plus mal. Cette année, j'ai aussi réussi à payer complètement, pour la première fois depuis des années, ma facture visa - près de 2000.- encore il y a un an - et à réduire suffisamment mon train de vie pour réussir à mettre un petit peu d'argent de côté chaque mois.
Donc, voilà, je me faisais ces réflexions et voilà qu'au gré du net je découvre que je suis à la mode.  Figurez-vous qu'il s'agit d'une façon de vivre dans l'air du temps, d'un mouvement, même: le minimalisme - et je ne parle pas du courant artistique. La simplicité, l'essentiel, c'est très "troisième millénaire" et crise économique, tout ça. Reste que ça mérite de s'y arrêter et de réfléchir à nos réflexes d'accumulation. Certains vont jusqu'à vivre avec seulement 100 objets, ce qui n'est pas mon intention, mais l'idée est intéressante. 

Et de façon un peu paradoxale, ça devient un gros bizness, alors que ça relève quand même surtout du bon sens. Pour en savoir plus, un petit bouquin gratuit sur le sujet ici.

Pour finir: C'est le printemps, les jours rallongent, c'est le bientôt le moment d'aller s'acheter un pack de lager à Denner et d'aller se poser dans les parcs, au bord du lac et profiter de la vie pour trois fois rien!

Lac et Alpes.
Photo by Moi.

13 commentaires:

  1. Et bien écoute, ça me rassure quand tu parles "d'écrasement d'égo" et de "fatigue", fatigue difficilement compréhensible pour les "autres", ceux qui travaillent.

    Quant à moi, je ne suis jamais passée par la phase, "je peux me faire plaisir tout en restant raisonnable"... Donc compter toujours, faire attention, engendre pour moi plus de frustration qu'une certaine satisfaction de pouvoir me contenter que de l'essentiel.

    Sur ce, Caliméro s'en retourne à ses occupations ;)

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  2. Oui, je comprends bien aussi. Idéalement, j'aimerais ne pas avoir à compter ET rester dans un mode de consommation raisonnable. Et pouvoir acheter moins et mieux et pas juste moins ;-)

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  3. J'ai vécu un an à Paris avec 980 euros en poche par mois... 500 euros de loyer, 200 euros de psy et les 300 euros restants pour manger (bon j'avais aussi qques tickets resto), sortir, voyager, lire, rêver. C'est l'une de mes années les plus heureuses, les plus zen. J'ai gardé le goût des choses simples. Genre c'est bête mais je finis une bouteille de parfum avant d'en acheter une autre, idem pour les shampooings, crèmes etc. L'idée c'est "ma vie tient dans une valise" ! Courage à toi, tu vas retrouver la voie de l'emploi :)

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  4. L'idée c'est "ma vie tient dans une valise" !

    Exactement! J'ai d'ailleurs fait un grand tri/rangement avec refourgage massif à Emmaüs l'année passée, aussi car j'avais l'idée que je devrais déménager rapidement, peut-être à l'autre bout du monde, pour un boulot. Ca ne tient pas dans une valise, mais j'y travaille :)

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  5. Donner n'est pas toujours facile. J'ai plein de matos de bricolage que je ne trouve à refourguer à personne. J'ai parfois eu l'envie de juste foutre mes colles en tube et mes rames de papier coloré dans la rue ou direct à la poubelle, histoire d'avoir la paix. Et puis je me dis que je finirai bien par trouver une garderie ou une maîtresse d'école pas encore pourrie gâtée de fournitures offertes par l'Etat... *yeux au ciel*

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  6. mlle-cassis > oui, c'est vrai. Le CSP, par exemple, il faut leur envoyer une liste avec photos de ce que tu as à donner et si ça les intéresse, ils viendront chercher ce qu'ils veulent - et tu te démerdes avec le reste. Bon, j'avais un bureau, un sommier, pas mal de vaisselle, le tout en très bon état et Emmaüs a tout pris, sans regarder si le petit chenit dans les cartons valait ou non la peine. C'était efficace, du coup!

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  7. Ouais, concernant le clic compulsif sur internet, je connais(sais).

    Finalement, ça me manque pas tant que ça je crois. Ce qui me manque c'est le revenu qui arrive chaque fin de mois, et qui te fait respirer. Là comme j'ai pas droit au chômage, j'ai pas ce petit répit et c'est assez stressant parfois, vivre sur ses économies. J'en viens à regretter ma rémunération de stagiaire.

    Le jour où je devrais en tirer quelque chose de positif, de cette période, je pense que ça sera qu'au moins ça m'a permis de me reposer, de plus tomber malade toutes les deux semaines.

    Enfin là trop de repos tue le repos.

    Sur ce, je vais faire du tri dans mes habits, c'est une bonne idée.

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  8. Moins et mieux, je veux ça aussi. Voilà un bout que j'ai réalisé que 2/3 de mes achats tiennent bien plus de la compulsion qu'autre chose (ce qui n'arrivait pas à l'époque où j'étais étudiante et sans le sou, bizarrement ;-))
    Au fil de ces dernières années, je commence à savoir trier et donner, et ça fait un bien fou !

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  9. Ton article me parle beaucoup puisque le "less is more" est une notion qui me colle à la peau : je déteste accumuler les choses inutiles. Avant de vivre avec l'homme, j'ai vécu des années dans un 2,5 pièces pratiquement vide (quand j'ai aménagé chez Lui, je suis arrivée avec un chat, une chaise, un bureau, un ordi et une valise de vêtements et c'est tout) et il a fallu que ma maman suisse me force à acheter des meubles pour que je cesse de vivre avec juste un matelas par terre et une ampoule au plafond ! ;o) Quant à ma maman coréenne, elle m'a demandé si les meubles étaient chers en Suisse pour que je vive avec trois fois rien.

    Ce n'est ni par avarice ni par souci d'économie que je vis comme ça puisque je sais me faire vraiment plaisir, mais l'acte d'achat est quelque chose d'important pour moi. Il faut que j'éprouve un vrai coup de coeur pour un objet pour que je l'achète et je me contente facilement d'un seul exemplaire de tout : un couteau en céramique et pas dix couteaux de cuisine, une montre, un porte-monnaie, etc. C'est juste avec les sacs, les chaussures et maintenant les vernis que j'ai du mal ! ;o) Puis, comme mentionné plus haut, je n'achète qu'un produit de douche/dentifrice/produit de beauté, etc. à la fois que j'utilise jusqu'au bout et ne stocke rien.

    Sinon, j'espère que tu trouveras vite un travail à ta mesure et qui te plaise, parce que même si je ne me suis jamais retrouvée au chômage (pour l'instant), je peux comprendre combien ça doit être pénible à vivre au jour le jour, contrairement à ce que raconte "mon amie chômeuse" sur son blog, qui n'est plus chômeuse de toute façon à l'heure actuelle...

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  10. Je crois que le pire c'est l'accumulation de petits objets au demeurant fort sympathiques, rigolos et ludiques et que finalement, tu n'as strictement pas besoin et qui prennent la poussière.

    Moi c'est pas le chômage qui m'a guérie de cela mais l'Afrique, de 1. il n'y a point de boutiques de ce genre, de 2. même en achetant par internet ou en faisant livrer en Suisse, les frais de réexpédition sont exorbitant, 50 % de douane.

    Et le pire c'est qu'on s'en passe très bien.

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  11. Voilà, voilà, je tourne autour du pot et je retarde le moment de répondre aux commentaires, mais ils sont beaux, ces commentaires, que puis-je rajouter, hein?

    Koyangi > je trouve intéressant ce que tu dis au sujet de donner de l'importance à l'acte d'achat et pas juste "remplir" son panier sans vraiment y penser.

    Nekko > J'aime trier et vendre/donner/jeter. Je soupçonne presque que ça puisse devenir un peu compulsif aussi chez moi ;-)

    Jeno > alors là, je comprends totalement l'importance du revenu régulier, même s'il est modeste. J'ai encore quelques mois de revenus réguliers, espérons que j'en sortirai avant.

    Angie > c'est sûr, moins de tentation, et bien... c'est moins de tentations. On est tellement en permanence dans la possibilité d'acheter, même quand les magasins sont fermés, c'est pas facile de résister. C'est un peu comme jeûner au milieu d'un supermarché-gourmet-traiteur ouvert 24h/24!

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  12. Tiens, cela me fait penser à cet article du Courrier International que je viens de retrouver suite à la lecture de ce post :

    http://www.courrierinternational.com/article/2009/02/12/vous-aussi-devenez-frugalista

    Cela fait quelques années que je vis toujours plus simplement (merci budget, chômage aussi tiens...) et vu que je vais probablement repartir en formation... je ne risque pas trop de changer mes habitudes. Et c'est vrai, c'est plutôt agréable. Sauf pour les frais dentaires...

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  13. Merci ludivine pour l'article.

    En effet, vivre simplement par obligation veut souvent dire ne pas avoir d'argent de côté en cas de coup dur et d'être constamment à deux doigts de la précarité. Réussir à rester raisonnable le jour où l'on a plus d'argent (ce que je souhaite à tous les chômeurs et étudiants), c'est là que ça devient vraiment intéressant.

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