Less is more?

Une installation de Donald Judd

Incertitudes, soucis, sentiment d'inutilité, le chômage longue durée n'est pas une balade de santé et souvent je me demande - à supposer que tout se passe bien et que je trouve un vrai job avant ma fin de droit - ce que je vais bien faire de cette période une fois révolue, ce que je peux en tirer de positif, ce que je peux en apprendre.

L'écrasement progressif de l'égo? La baisse continue des standards dans mes plans pour le futur? L'angoisse sourde permanente qui fatigue plus qu'on ne voudrait l'admettre?

Certainement pas.

Mais s'il y a un aspect qui me plaît, c'est de vivre avec (un peu) moins.

Avec un salaire qui me permettait de sortir et d'acheter plein de conneries, j'avais pris des habitudes confortables, ces dernières années. Je me laissais aller à la tentation du shopping et de l'acculumation de choses inutiles dont je m'étais vaguement convaincue que j'avais envie - ou vaguement besoin - tout en rêvant d'un appartement vide, sans "chenit", sans "clutter" - j'aime les grands volumes, les murs blancs, les meubles simples.

Bon ben paf, -30% de revenus, on sent la différence, c'est sûr, surtout que je souhaitais continuer à faire des économies durant mon chômage - en rapport d'une potentielle fin de droit que je pensais pourtant improbable - notez l'emploi du passé. Il m'a fallu quelques mois pour réussir à contrôler l'impulsion d'acheter - sur internet, surtout, il suffit de cliquer, c'est trop facile  - recommencer à compter quand j'achète à manger ou, simplement, penser à envoyer des emails plutôt que des SMS en masse!

C'est également une bonne occasion pour faire du tri, jeter, donner ou revendre les objets. J'utilise le principe du one-in-one-out pour les vêtements depuis longtemps, ce qui me permet de pouvoir faire tenir tous mes vêtements dans une petite armoire deux portes - j'en suis assz fière. Mais c'est aussi le moment de redécouvrir et effectivement utiliser ce que l'on stocke dans ses placards (vieilles fringues peu portées, maquillage, etc.) 

Bon, c'est clair que j'irais plus au resto et je partirais en vacances si j'avais de l'argent. Mais pour tout ce qui est "objet", c'est tellement plus agréable d'avoir de la place, je me sens nettement moins étouffée et envahie par le bordel de mon propre appartement. Et Jamy pète un câble environ tous les deux mois parce qu'il veut partir en weekend et... m'invite. Il m'invite également quand il veut manger dehors et que je ne peux pas. C'est très agréable et un peu "facile", certes, mais s'il n'était pas là, je ferais comme quand je suis seule: n'irais pas et c'est tout.

Je réfléchis plus avant d'acheter, je consomme moins à défaut de mieux et je ne m'en porte pas plus mal. Cette année, j'ai aussi réussi à payer complètement, pour la première fois depuis des années, ma facture visa - près de 2000.- encore il y a un an - et à réduire suffisamment mon train de vie pour réussir à mettre un petit peu d'argent de côté chaque mois.

Donc, voilà, je me faisais ces réflexions et voilà qu'au gré du net je découvre que je suis à la mode.  Figurez-vous qu'il s'agit d'une façon de vivre dans l'air du temps, d'un mouvement, même: le minimalisme - et je ne parle pas du courant artistique. La simplicité, l'essentiel, c'est très "troisième millénaire" et crise économique, tout ça. Reste que ça mérite de s'y arrêter et de réfléchir à nos réflexes d'accumulation. Certains vont jusqu'à vivre avec seulement 100 objets, ce qui n'est pas mon intention, mais l'idée est intéressante. 

Et de façon un peu paradoxale, ça devient un gros bizness, alors que ça relève quand même surtout du bon sens. Pour en savoir plus, un petit bouquin gratuit sur le sujet ici.

Pour finir: C'est le printemps, les jours rallongent, c'est le bientôt le moment d'aller s'acheter un pack de lager à Denner et d'aller se poser dans les parcs, au bord du lac et profiter de la vie pour trois fois rien!

Photo by Moi.