Je dois bien avouer que ce n'est pas facile tous les jours pour moi, en contrée transalpine. Quand tu y es athé et plutôt cartésien, il y a de quoi se frapper la tête contre les murs.
Et fort, hein.
Des fois.
Peu après mon arrivée en Italie, j'avais déjà mentionné que l’omniprésence de l'imagerie religieuse m'avait marquée. Après deux ans, ça me saute toujours autant aux yeux et fait toujours partie des différences culturelles auxquelles je pense que je ne me ferai jamais.
(Cela dit, je suis sûre qu'il y a un réel potentiel marketing pour les albums panini avec des figurines de saints à s'échanger.)
Avec le temps, je me suis rendue compte que, bien qu'athée, j'ai grandi dans une culture protestante et que ça a malgré tout formé en partie ma manière de voir les choses. Dans un univers (très) parallèle où je serais chrétienne, je ne serais clairement pas catholique: les saints, la madonne, le purgatoire, le folklore, les dorures, les papes - quoique le dernier en date soit pas si mal - le fatalisme, l'encens, les processions,... y'aurait pas moyen.
Par exemple, ci-dessous, le sanctuaire de la Madonne des Bois, un lieu de culte apparemment très fréquenté en Brianza, où la vierge serait apparue en 1617 - ou un miracle du genre - et où tu peux voir des gens se taper les 400 marches en s'arrêtant à chacune d'elle pour prier1.
Image trouvée sur un site de géocaching |
Mais bon, la religion est la religion, n'y touchons pas trop. J'ai déjà critiqué la bouffe, je vais finir par me faire expulser. Encore heureux que je n'aie pas d'opinion concernant le foot.
Ouais, donc. Le truc qui me fait vraiment hurler, c'est les superstitions.
Par exemple, dans ma boîte, il y a une femme - comme par hasard indienne et la seule non-blanche - à qui tous prêtent le pouvoir de causer des malheurs aux gens qui sont autour de toi si tu mentionnes leur nom en sa présence. Mes collègues - qui sont par ailleurs des gens éduqués et cultivés - évitent donc de prononcer son nom et de trop lui parler. Si l'un de nous - au hasard ma collègue nordique ou moi-même parce qu'on ne veut pas jouer à ces petits jeux - la mentionne, il faut conjurer le mauvais sort.
En général, comme suit:
- pour les femmes, en faisant les cornes avec la main
- pour les hommes, en se touchant les couilles
Oui, mon chef aussi se touche les couilles si je lui parle de notre collègue indienne et les maintient bien fermement jusqu'à ce que j'ai fini.
Et ça, mes amis, c'est une des raisons pour laquelle le jour où mon italien sera assez bon pour que je puisse être cinglante dans mes remarques, je devrai changer de pays.
(Je ne suis pas encore assez infusée de la culture locale pour en faire une note, mais j'ai rapidement compris qu'il y a beaucoup de choses auxquelles on ne touche pas et que mon humour était souvent inapproprié. Et je me retiens de l'ouvrir tellement souvent, z'avez pas idée comment.)
(Je ne suis pas encore assez infusée de la culture locale pour en faire une note, mais j'ai rapidement compris qu'il y a beaucoup de choses auxquelles on ne touche pas et que mon humour était souvent inapproprié. Et je me retiens de l'ouvrir tellement souvent, z'avez pas idée comment.)
Je sais pas ce qui me dérange le plus : que des gens par ailleurs parfaitement intelligents croient sincèrement que cette femme a le pouvoir de faire tomber leur mère malade ou que leur chien se fasse écraser ou qu'ils n'arrêtent pas de se toucher les parties.
(D'ailleurs, Ami Helvétique, sache que s'il te vient à l'idée d'offrir à ton Ami Italien un joli couteau suisse tout beau tout neuf, tu ferais peut-être mieux de t’abstenir : il paraît que ça aussi - offrir un truc avec une lame - ça porte malheur. J'en apprends tous les jours.)
(D'ailleurs, Ami Helvétique, sache que s'il te vient à l'idée d'offrir à ton Ami Italien un joli couteau suisse tout beau tout neuf, tu ferais peut-être mieux de t’abstenir : il paraît que ça aussi - offrir un truc avec une lame - ça porte malheur. J'en apprends tous les jours.)
1. Wikipedia me dit que 300 jours d'indulgence sont accordés à celui qui gravira les marches en récitant un rosaire à chacune d'elle. Ah bah voilà.
Ah, chez nous autres Françoués, on peut offrir un couteau, mais il faut donner une pièce de valeur symbolique en retour, parce que sinon ça coupe l'amitié ;-)
RépondreSupprimerSinon j'hallucine sur le tripotage de conjuration ^^
Yep, en helvétie aussi, l'histoire du sou à donner quand on reçoit un truc coupant ou pointu, ça se fait aussi.
SupprimerMême pour les cactus. ...
Mais bon, on se touche pas les couilles......
Vous êtes bizarres. J'avais jamais entendu d'histoire du genre.
RépondreSupprimerah ah ah, c'est si vrai! (par contre je n'avais jamais entendu parler de cette histoire d'indien qui peut jeter des sorts rien qu'en étant mentionné!) j'imagine toujours les italiens qui partent vivre à l'étranger, ils doivent passer pour des dingues à se toucher les burnes toute la journée!
RépondreSupprimerJe ne crois pas que ce soit un truc qui a à faire avec les Indiens... C'est qu'il lui accordent le pouvoir de porter la poisse qui me fait délirer...
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