De la cuisine italienne.

Trouvé sur popstarz.it - don't ask.

Il y a une différence fondamentale entre la plupart des expatriés en Italie et moi : je n'ai pas choisi de vivre en Italie par amour du pays, d'un Italien, ou de sa cuisine. Je suis venue en Italie car j'y ai trouvé un travail intéressant à des conditions plutôt correctes. Point. Je ne suis pas arrivée acquise à la "cause italienne" et nous vivons, l'Italie et moi, disons, un mariage de raison¹.

Et là, sous vos yeux ébahis  je vais commettre l'irréparable, les vigiles vont débarquer à ma porte pour m'expulser sous peu, je le sais.

Mais je vais le dire.

La cuisine italienne m'emmerde.

C'est dit.

Je suis consciente de ne pas être dans la région d'Italie la mieux lotie quant à la nourriture: les tripes, c'est dégueulasse, et tu peux appeler ça une "escalope milanaise" si tu veux mais ça reste de la viande pannée et si c'est pour bouffer des schnitzels, autant aller en Allemagne ou en Bourbinie, au moins j'aurais des trains à l'heure.

Alors, avant que tout le monde hurle, je tiens à préciser que j'apprécie la qualité et la fraîcheur des produits dans les magasins et sur les marchés. Les supermarchés sont organisés avec le cul et l'arrangement des produits est souvent une insulte au sens commun, mais c'est frais, c'est varié, c'est de qualité, c'est bon. Le slow food, les épiceries kilomètre zéro, il y a une attention particulière à la qualité de la nourriture, et ça j'apprécie vraiment.

Je sais aussi qu'une richesse de l'Italie, c'est la diversité de ses régions. On se déplace de 60 km, la langue et les spécialités culinaires changent. Et heureusement. L'Italie est très italienne dans le sens que le taux d'étrangers est super bas (genre le plus élevé, c'est la Lombardie et c'est moins de 10%), du coup, l'ouverture sur les cuisines du monde est limitée. Et s'il n'y a pas une cuisine italienne, mais des cuisines italiennes, ça reste beaucoup trop basé sur de l'hydrate de carbone raffiné et gras à mon goût.

Quand ça parle cuisine, ça parle pasta, ce qu'on va manger à midi, c'est la pasta, ce que je vais préparer ce soir, c'est la pasta. La question n'est pas de savoir ce que l'on va manger à midi, mais comment sera apprêtée la pasta. Et la pasta se fait comme ça, et pas autrement. La tradition. 

Ne pas discuter la Recette Traditionnelle Suprême. On ne déconne pas avec la tradition.

La tradition, moi, en cuisine, ça m'emmerde.

Surtout si tu mets du citron sur ta viande rouge, t'as pas à venir me dire ce qui se marie et ne se marie pas.

Et pis non, je ne peux pas manger des pâtes blanches, du riz blanc, du pain blanc et des patates comme légumes d'accompagnement. Mes papilles, mon système digestif et mon métabolisme ne sont pas d'accord. Je ne veux ni ravioli, ni lasagne non plus. Je ne veux pas de viande fumée, pas de salami. Je ne veux pas de parmesan. C'est bon, toutes ces choses, mais à petite dose.

Mais bon, il faut savoir que, d'après mes collègues, l'Italie m'a sauvée de la malbouffe, parce que je suis suisse, merde, quoi, je dois bouffer que des trucs gerbants et boire de la bière au petit déjeuner. La fois où j'ai osé dire que je trouvais que l'on mangeait mieux en Suisse romande que dans le coin, car la cuisine était plus diversifiée, plus équilibrée et plus ouverte d'esprit, j'ai cru qu'ils allaient s'étouffer. Mais ils m'ont expliqué que c'est juste parce que je suis suisse, donc c'est mon goût qui n'est pas juste.

Ah bah voilà.

J'ai compris. Il ne faut jamais remettre en question la suprématie de la cuisine italienne sur celles du monde entier.

Le plus divertissant, c'est de parler nutrition avec un italien. Il aura entendu une fois que des nutritionnistes ont proclamé la "diète méditerranéenne"  comme très saine et il s'en gargarisera abondamment. Le truc, les gars, c'est que par "diète méditerranéenne", ils entendent du poisson et des légumes grillés, pas des biscuits au petit déjeuner et des pâtes deux fois par jour ! Mais c'est là qu'intervient le second argument "santé" en faveur du "régime P" (pâtes, pizza, patate, polenta) c'est que les Italiens sont minces (c'est vrai)(le métabolisme des italiennes est un mystère) donc ils sont en bonne santé (logique implacable).

En attendant, quand je dois manger dehors, je regarde les gens manger leur risotto pendant que j'attends mon secondo avec contorno et sinon, je cuisine. Je cuisine à ma (sans) sauce, et ça me plaît.

Je fais mon marché et je shoppe à la Biobottega plein de trucs complets avec des graines dedans.

L’expatriation m'a définitivement réconciliée avec mes fourneaux. Et j'ai rarement au bien (bon et sain) mangé de ma vie.

Les plats préparés de chez Auchan...

... un plaisir sans faim fin.

(Par soucis d’honnêteté, je dois dire que les trucs "tout prêts" d'Esselunga ont nettement meilleure façon.)

1. Ce que j'aime dans le fait de vivre en Italie, c'est la proximité de nombreuses villes magnifiques et les weekends-vacances. Mais j'y reviendrai une autre fois.