J'ai bien failli ne jamais arriver à la maison.
Après un weekend trop court en Suisse, je reprends le train en début d'après-midi pour rentrer dans mon bled italien. Trop tôt à mon goût, mais je voulais avoir une vraie soirée à la maison avant de retourner bosser.
Lausanne-Milan, comme sur des roulettes. Wagon pas trop plein, ultra calme, parfait.
J'écoute distraitement une discussion de deux expats anglophones (lui qui vit à Milan depuis quelques temps et elle qui vient d'arriver. Il est 17h20, on est presque arrivés à Milan, le soleil est déjà bien bien couché, elle lui demande s'il fait déjà nuit à Milan à 17h30 à cette saison, il lui répond que non, il fait encore jour. BREF.)
Elle lui dit aussi qu'il y a une grève des trains en Italie.
Je prends mon téléphone et je vérifie: en effet, grève générale des trains de samedi 21h à dimanche 21h. How convenient. Ouais, solidarité avec les grévistes, toussa, ouais, ouais.
Le site de trenitalia donne un lien à une liste de site par province, le lombard indique un trafic régulier. J'en parle à la dame en face de moi, une autre fille à côté, les deux italiennes, personne n'était au courant qu'il devait y avoir une grève. Mais bon, on est confiantes.
Arrivée à Milano Centrale.
Ben c'te gare vide sans lumière, sans train, sans presque personne, c'est assez surréaliste. J'avais pas le temps de prendre des photos, je vivais encore dans l'illusion que j'avais un train pour mon bled 20 minutes plus tard depuis Milano Porta Garibaldi.
INNOCENTE. NAIVE.
Huit trains sur 10 étaient indiqués "annulés" et les autres n'étaient pas là pour autant.
Je discute un peu à droite et à gauche, une personne, deux personnes, trois personnes, toutes veulent aller à Monza (moi aussi). Pis là je cause avec un type, un autre arrive et demande dans un italien encore plus approximatif que le mien si le train pour Monza est bien sur ce quai. Lui, c'était Mike, le canadien. On discute de nos options, le premier mec nous dit qu'il va prendre le métro jusqu'à Sesto San Giovanni, faire un peu d'avance et se rapprocher de Monza. On le laisse partir, nos deux trains possibles étant absents, on décide de faire de même et de partager ensuite un taxi pour Monza. Je propose à 2 autres personnes avec qui j'avais discuté, réponse non catégorique, je-me-débrouille tout seul. Alors que partager 50€ de taxi pendant une grève, ça ne me parait pas complètement fou, comme idée, non?
Bref, on s'en va avec Mike, on prend notre métro, on arrive au terminus, on cherche un taxi, rien, je propose d'aller voir du côté des bus. On y pige pas grand chose, mais voilà que Mike remarque sur un des bus qui démarre que y'a Monza dans le liste des arrêts. On fait signe, le conducteur s'arrête, nous ouvre, confirme la destination, je demande combien coûte le billet, il nous fait signe que c'est bon comme ça, c'est bondé, c'est le bordel, mais les bus assurent. Le conducteur a également renseigné avec patience tous les gens paumés, a fait un arrête supplémentaire, a laissé monter tout le monde, bref, très cool. Ensuite, Mike m'a raccompagnée en voiture jusqu'à mon bled (quand même 25 bornes).
Lausanne-Mon Bled: 8h15. Et encore, ça aurait pu être beaucoup beaucoup plus long. A l'heure à laquelle j'écris, les trains de remettent théoriquement en route, mais ça doit encore être un bordel monstrueux.
Alors merci Mike le canadien d'avoir partagé cette aventure, surtout que je m'attendais à une plus grande solidarité entre naufragés ferroviaires.